Fermerture du centre « Fifontin» du groupe GBEKOUN Les parents des apprenants ont réagi

En date du 24 mars 2022, la décision de fermerture avec effet immédiat du centre pilote d’expérimentation de l’instruction en langue nationale basé sur l’alphabet GBEKOUN bouleverse aussi bien l’avenir des apprenants que l’espoir de leurs parents. Elle est intervenue au lendemain de la cérémonie de remise de leur parchemin de fin de cycle primaire en février dernier. Logiquement, ces derniers devront poursuivre leurs études secondaires dans la même dynamique et ceux qui sont en classes intermédiaire, continuer le cursus. Bien que les autorités à divers niveaux sont au courant de l’existence dudit centre, le gouvernement reproche aux responsables, un défaut d’autorisation d’ouverture. Alors qu’une nouvelle année devrait commencer depuis le 18 avril passé, l’association des parents d’apprenants du système éducatif en langue nationale fondé sur « Gbékoun » ne sait plus à quel saint se vouer. Face aux hommes des médias, les organisateurs ont apprécié le fond de la décision. Pour eux, le choix d’inscrire leurs enfants est justifié par la prise de conscience qu’aucun peuple ne se développe véritablement en délaissant ses langues autochtones au profit d’une langue étrangère comme langue d’enseignement et de communication. Car en faisant ainsi ce peuple perd ses langues autochtones qui sont le fondement même de sa culture et donc de son existence. Sèdolo NOUNAGNON, l’un des conférenciers a fait remarquer que cette prise de conscience s’exprime dans la loi 90-32 portant constitution de la République du Bénin à travers l’article 11 « Toutes les communautés composant la Nation béninoise jouissent de la liberté d’utiliser leurs langues parlées et écrites et de développer leur propre culture tout en respectant celles des autres. L’Etat doit promouvoir le développement des langues nationales d’intercommunication ». 
« Nous avons la ferme conviction que seul le peuple peut se sortir lui-même de la pauvreté par l’usage de ses langues pour résoudre tous ses problèmes et satisfaire ses besoins essentiels quotidiens. Et ceci commence déjà à partir de l’éducation authentique qu’on donne à l’enfant a-t-il ajouté. Faisant l’apologie des résultats probants de l’experience, Houssou ADIGBE a fait observer qu’en cinq années de mise en œuvre du système éducatif en langue nationale fondé sur « Gbékoun » leurs enfants sont éveillés et savent merveilleusement lire, écrire et calculer dans leur langue maternelle respective et surtout dans une langue nationale d’intercommunication Fongbé. Ceci déjà à partir de la 2ème année académique quel que soit leur langue d’origine. Il ajoute qu’ils ont un sens patriotique très élevé et sont aussi conscients du temps, de l’espace, des objets, du monde moderne et de leur propre corps. Ils désignent donc en langue nationale les objets de leur environnement, du monde moderne et les parties et organes externes et internes du corps. Aussi ont-ils appris à vivre en groupe et à travailler en équipe et s’adaptent aisément aux situations nouvelles, dans leur diversité ethnique tout œuvrant au maintient de l’équilibre et de l’harmonie entre l’Homme et son environnement (la nature) pour un développement durable et continu. L'association conclut alors que les objectifs poursuivis par l’État à travers l’enseignement primaire tels définis à l’article 25 de la loi 2003-17 portant Orientation de l’Éducation Nationale en République du Bénin, sont atteints avec le système d’instructions en langue nationale fondé sur Gbékoun. Article 25. « _L’enseignement primaire poursuit les objectifs ci-après : L’apprentissage de la lecture, de l’écriture et du calcul ; Le développement chez l’enfant de la conscience du temps, de l’espace, des objets, du monde moderne et de son propre corps ; L’apprentissage de la vie de groupe et du travail en équipe dans le contexte de vie démocratique ; L’acquisition de compétences et d’aptitudes qui rendent l’élève capable d’apprendre seul et de pouvoir s’adapter aux situations nouvelles. »
Les doléances des parents des apprenants au gouvernement lues par HOUESSOU Adjimon

« Nous rappelons que nous les parents des apprenants du « Premier Centre d’Eveil du Continent Noir » avions fait il y a cinq ans le choix conséquent d’inscrire nos enfants dans une école dont les enseignements sont dispensés en langue nationale. Vus les résultats probants cités plus haut, nous parents des apprenants du « Premier Centre d’Eveil du Continent Noir » demandons humblement à nos gouvernants de ne pas jeter « l’eau de bain du bébé avec le bébé ».  
Nous demandons à l’Etat : 
a- La mise en place avec le groupe de promotion de « Gbékoun » d’un cadre adéquat pour la continuation jusqu’à terme de cette expérience patriotique unique en son genre. Ceci dans le cadre de l’article 8 de la loi 2003-17 portant Orientation de l’Education Nationale en République du Bénin. 
Article 8. – L’enseignement est dispensé principalement en français, en anglais, et en langues nationales. Les langues nationales sont utilisées d’abord comme matière et ensuite comme véhicule d’enseignement dans le système éducatif. En conséquence, l’Etat doit promouvoir les recherches en vue de l’élaboration des instruments pédagogiques pour l’enseignement des langues nationales aux niveaux maternel, primaire, secondaire et supérieur.
 
b- La mise en place du système éducatif formel en langue nationale pour que les milliers de parents d’apprenants volontaires que nous sommes puissions inscrire nos enfants conformément aux dispositions de l’article 12 de la loi 90-32 portant Constitution de la République du Bénin. 
ARTICLE 12. – L’Etat et les Collectivités publiques garantissent l’éducation des enfants et créent les conditions favorables à cette fin. »

Pour finir l’association des parents des apprenants réitère son souhait et la disponibilité du groupe des adultes apprenant le « Gbékoun », à accompagner le gouvernement dans la mise en œuvre du système éducatif authentique en langue nationale fondé sur « Gbékoun », l’alphabet à 33 lettres inventé par ADIGBE Togbédji. Il est à noter que le « Premier Centre d’Eveil du Continent Noir » a été créé en 2016 par le compatriote Feu HOUESSE AYIGBEDEKIN Vidéhouénou. 

✍️ TM/ Houénassou AYI